Cargèse, un patrimoine religieux et culturel riche

Cargèse, niché sur la côte ouest de la Corse, est une pépite d’histoire et de culture. Les deux églises emblématiques qui se font face témoignent de l’harmonie entre les traditions latines et grecques, tandis que les tours génoises qui parsèment le littoral rappellent les efforts du passé pour protéger ce beau village des invasions. Ensemble, ces éléments composent le riche patrimoine culturel et religieux de Cargèse.

Les Églises de Cargèse : témoins d’un double héritage

Au coeur de la Corse, Cargèse se distingue par son histoire unique et son patrimoine culturel et religieux hors norme. Au XVIIème siècle, pour échapper au joug ottoman, 600 Grecs décidèrent de s’installer à Paomia. Mais ce n’est qu’en 1768, après plusieurs affrontements, que l’armée française du Comte de Marbeuf construit Cargèse telle que nous la connaissons aujourd’hui. De cette riche histoire demeurent deux édifices majestueux qui témoignent du passé : deux églises, l’une latine et l’autre grecque, se faisant face en bord de mer, immortalisant la dualité culturelle du village.

L’Église de l’Assomption : le témoin du rite latin

L’église de l’Assomption, communément appelée « latine », a vu sa première pierre posée en 1822. Grâce à la générosité d’Antoine Andreani qui offrit le terrain, et aux fonds collectés depuis 1817, cette église fut érigée au nom de la population corse de rite latin. Toutefois, le chemin vers sa complétion ne fut pas sans embûches : une tempête ravagea sa toiture en 1835, retardant ainsi les finitions intérieures. Néanmoins, en 1847, le clocher fut finalement achevé, ajoutant une majestuosité à cet édifice. À l’intérieur, le style baroque prédomine, et des peintures en trompe-l’œil, réalisées entre 1970 et 1975, décorent la nef, tandis que le chœur s’orne des créations de deux peintres russes entre 1992 et 1997.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’Église Saint Spiridon : le reflet du rite byzantin

Face à l’église latine, l’église Saint Spiridon, dite « grecque », incarne l’héritage de la communauté grecque catholique d’Hélène. Au milieu du XIXème siècle, le besoin d’un lieu de culte pour les quelque 500 Grecs du village devint palpable. Ainsi, entre 1868 et 1874, cette église aux airs néo-gothiques fut érigée. L’intérieur révèle un décor néo-classique, où une iconostase, cloison de bois ornée d’icônes et offerte par le préfet de la congrégation de « Propaganda Fide », sépare le sanctuaire de la nef.

Aujourd’hui, les deux églises cohabitent en harmonie, ouvrant leurs portes au public et célébrant alternativement leurs offices. La vue depuis leurs hauteurs offre un panorama imprenable sur Cargèse. Cette coexistence symbolise la solidarité qui s’est tissée entre les deux communautés. En effet, des événements tels que la fête du basilic, la Saint-Spiridon ou encore le lundi de Pâques voient tout le village se réunir dans une même ferveur.

Cargèse abrite aussi d’autres édifices religieux comme l’église Saint-Jean-Baptiste, une chapelle modeste au hameau de Lozzi, construite en 1845, et l’église Sainte-Marie, située au hameau de Paomia.

Cargèse, avec ses deux églises emblématiques, est un témoignage vivant de l’histoire, de la diversité culturelle et religieuse de la Corse. Tandis que l’église grecque envoûte par ses effluves d’encens exotiques, l’église latine, tout aussi imposante, mérite également le détour. Ces monuments illustrent la riche mosaïque d’un village où deux cultures, autrefois rivales, coexistent aujourd’hui en parfaite harmonie.

Les tours

La richesse patrimoniale de Cargèse, à travers ses tours génoises, offre non seulement des panoramas à couper le souffle mais aussi une plongée dans l’histoire corse, entre défense, résilience et culture.

La Tour d’Omigna

Perchée à l’extrémité de la presqu’île d’Omigna, la tour d’Omigna se dresse fièrement comme un rappel du passé tumultueux de Cargèse. Cette tour ronde, de douze mètres de haut, repose sur une assise rocheuse. Elle faisait jadis partie des « Quatre tours », une fortification construite par les populations de Paomia, Revinda, et Salona qui, cherchant refuge à Renno, voulaient protéger leurs terres cultivables du littoral des pirates barbaresques.

Entièrement restaurée en 2009, la tour offre aujourd’hui aux visiteurs la possibilité de monter sur sa terrasse pour embrasser un panorama magnifique. À ses pieds, la côte nord, avec ses falaises de granite déchiquetées, plongeant dans les eaux bleues, contraste avec les douces plages dorées des golfes voisins de Peru et Chiuni.

L’histoire rapporte un événement mémorable lié à cette tour : le 27 avril 1731, elle servit de dernier rempart à 127 Grecs qui se défendaient contre 2500 Corses révoltés. Après trois jours de siège, ces Grecs réussirent à s’échapper et trouvèrent refuge à Ajaccio.

Pour les plus aventuriers, une randonnée de trois heures, partant de la plage de Peru, permet d’atteindre cette tour génoise. Ce sentier panoramique, balisé et entouré de vieilles pierres, traverse une maisonnette pittoresque, un four à pain et les aghja, avant d’atteindre la pointe.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les autres tours de Cargèse

Cargèse, riche de son histoire, est surveillée par trois imposantes tours génoises, témoins silencieux d’une époque révolue. La première, perchée sur une colline, est la tour de Cargèse qui domine le village. Ensuite, la majestueuse tour d’Orchinu, située à une altitude de 172 mètres sur le promontoire de Punta d’Orchinu, offre un panorama grandiose sur un maquis bordé de falaises et ponctué de vestiges agricoles comme des murets de pierre sèche, des maisonnettes en ruines et des aires de battage. La tour d’Omigna, quant à elle, a sa propre histoire, évoquée précédemment.

Ces édifices, datant du XVIe siècle, ont été érigés pour se défendre contre les invasions barbaresques. Leur utilité était vitale, et les « Torregiani », gardiens de ces tours, jouaient un rôle crucial. Armés de signaux de feu, ils alertaient la population des menaces imminentes. Grâce à la position stratégique des tours, l’une étant visible depuis une autre, les signaux pouvaient être relayés rapidement, couvrant toute la Corse en un laps de temps étonnamment court.

La collaboration entre ces tours était essentielle, en particulier entre les tours d’Orchinu, d’Omigna et Capu Rossu, financées en 1505 par les pieve de Paomia, Revinda et Salona. Bien que la Corse ait compté jusqu’à 120 tours le long de son littoral au XVIIIe siècle, aujourd’hui, seulement une trentaine subsiste, témoignant de la résilience et de la détermination des Corses à travers les âges.

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